Couple : Pourquoi avons-nous toujours les mêmes disputes?

Toujours cette même dispute qui se répète, parfois après des années en couple, sans jamais trouver de solution.

Comment expliquer que certaines disputes reviennent sans cesse ?

Il suffit parfois d’un rien pour mettre le feu aux poudres. Des miettes de pain laissées sur la table, une paire de chaussettes qui traîne négligemment dans la salle de bains, le ménage à faire… Et voilà une nouvelle fois, cette dispute récurente. Cette même rengaine, ce même sujet de discorde, jamais réglé, qui revient sans cesse sur le tapis, parfois même après des années de vie commune. Des évènements mineurs peuvent réveiller des choses bien plus anciennes et enfouies, et enclenchent un cercle vicieux où le comportement de l’un entraîne celui de l’autre.

Pour ne plus avoir les mêmes disputes de couple récurrentes

On se dispute parce qu’on se sent dévalorisé.

Parmi les sujets de disputes récurrents : les tâches ménagères.
Cas classique : l’un des deux partenaires laisse toujours traîner ses affaires. Tous les soirs, son conjoint râle et finit par les ranger en se plaignant de devoir tout faire dans la maison. «Mais ce n’est pas si grave !», rétorque généralement le premier. Effectivement, personne ne divorce pour des chaussettes. Mais la personne qui les ramasse tous les jours (souvent la femme sans vouloir avoir des propos féministes) peut le percevoir comme quelque chose de très dévalorisant.
Ce genre de disputes cache souvent des problèmes d’estime de soi. D’un côté, pour la femme, c’est une preuve qu’elle ne vaut pas grand-chose aux yeux de son partenaire. De l’autre, celui-ci va pester qu’elle ne se rende pas compte de tout ce qu’il fait par ailleurs pour elle, pour leur famille… Résultat : les deux se sentent dévalorisés et des miettes oubliées sur la table peuvent déclencher une énorme dispute.
Si le cœur du problème est qu’on ne sent pas suffisamment valorisé, il faut le lui expliquer. Mais la plupart du temps, excédés qu’il/elle ne comprenne pas à quel point son comportement nous blesse, nous agace, nous restons dans l’accusation. Souvent, il ne comprend pas car nous ne lui disons pas ce qui nous blesse réellement. Il faut cesser de croire que l’autre est télépathe, capable de deviner lorsque nous nous sentons mal !

Trois questions à se poser :
– Qu’est-ce que l’autre fait (ou non) qui nous énerve, nous blesse tellement ?
– Quel comportement cela provoque-t-il en nous (faire la tête, se mettre à hurler…) ?
– Quelle émotion se cache derrière notre réaction ? De la tristesse, de la honte, de la peur ?

Essayez ensuite, dans un moment calme, d’expliquer à votre partenaire pourquoi vous avez réagi si vivement : “Quand tu fais cela, peut-être que je réagis comme une furie, mais voilà ce que cela déclenche chez moi, je me sens comme cela / j’ai du mal à affronter ça / cela me rappelle ça…”
A ce moment, l’autre peut aussi dire ce qu’il ressent au moment où il adopte un comportement déplaisant.

On se dispute parce qu’on a peur d’être abandonné, rejeté.

Autre scénario fréquent que je rencontre beaucoup en consultation.
Il rentre du travail, elle aimerait discuter tandis que lui n’a qu’une envie : se retirer dans sa bulle. Elle insiste. Ils se disputent.
Fin de soirée récurrente chez un autre couple : il a très envie de faire l’amour, revient tous les soirs à la charge. Plus il la presse, plus elle se dérobe. Le ton finit par monter, chacun se tourne de son côté du lit, fâché.
De nombreux couples sont pris au piège d’un cercle vicieux. L’un est dans le harcèlement, l’autre, dans la fuite, mais aucun des deux ne s’en rend vraiment compte et cela peut durer longtemps. Derrière ces comportements, se cache souvent un sentiment d’insécurité, d’être abandonné, rejeté (il ne m’écoute pas, je ne compte pas à ses yeux, elle ne me désire pas…).

Découvrez comment vous rentrez ou pas en conflit et ce que cela dit de votre relation de couple.
Le conseil pour briser le cercle vicieux : L’agression n’appelle jamais une réaction positive: je hurle, tu hurles ou tu fuis.
Adoptez le comportement inverse. C’est compliqué car cela demande un vrai effort de lâcher prise. Pour celui qui a plus souvent envie de faire l’amour, ce peut être dire : “je vais te laisser tranquille pendant toute la semaine, sans te solliciter. Tu viendras quand tu auras envie de moi et tu sais que je serai disponible”.
Pour celui qui trouve que son partenaire sort trop, n’est pas assez à la maison, rentre trop tard, même principe. Si son conjoint sait qu’en rentrant, il va trouver quelqu’un qui fait la tête, il aura tendance à passer beaucoup plus de temps dehors. Si, à l’inverse, son partenaire lui dit : “amuse-toi bien, je me couche et j’ai hâte que tu viennes me retrouver”, il est possible qu’il rentre plus tôt.
Expliquez aussi précisément ce que vous attendez de l’autre. Souvent, votre partenaire ne remplit pas la demande car il ne sait pas ce qu’elle signifie et votre attente, non verbalisée, peut lui paraître insurmontable, alors qu’elle est souvent très simple. »
On se dispute parce qu’on veut changer l’autre
Ces disputes à répétition, on pourrait les écrire à l’avance : on sait comment elles vont commencer, se dérouler, on sait même parfois quelle porte va finir par claquer. On peut par avance ressentir ce désagréable sentiment d’usure, de frustration, d’impuissance. Et pourtant, les voyant arriver, nous ne faisons parfois rien pour les arrêter. Nous avons souvent envie de changer l’autre. Et on se dit que cette fois, il va enfin comprendre, nous entendre. Ce qui est très toxique dans une dispute, c’est que l’on considère l’autre comme un idiot qui ne comprend rien. Et c’est réciproque. Il faut à tout prix lâcher prise sur le fait d’avoir raison. Et accepter alors que, sur certains sujets, on ne sera pas d’accord ? Cela dépend du sujet. S’il concerne le couple, comme l’argent par exemple ou l’éducation des enfants, un compromis, un accord est nécessaire. Mais sur des sujets qui ne concernent que l’un ou l’autre (la façon dont l’un range ses dossiers, la manie de l’autre de se ronger les ongles), l’autre doit apprendre à se taire, car cela ne le concerne pas. »
Mon conseil : Renoncez à vouloir changer votre partenaire. C’est perdu d’avance. Prenez plutôt un temps de recul et demandez-vous : ce sujet me concerne-t-il vraiment ?

On se dispute parce que le contexte met le feu aux poudres.

Coup de fatigue, de stress, surmenage… Certains contextes, tendus, favorisent les disputes. Au point, parfois, que nul besoin de mots : une simple attitude, un simple geste de l’autre – un regard que nous jugeons inamical, une posture que nous trouvons agressive -, suffit à déclencher une tempête.
Il arrive par exemple que l’un des partenaires se mette à crier contre quelque chose qui ne concerne que lui mais que l’autre le prenne pour lui et se mette à hurler en retour car il se sent agressé. Il va alors s’agir pour ce dernier d’expliquer à l’autre qu’à chaque fois qu’il s’emporte, il le prend pour lui et d’essayer de prendre du recul. Et peut-être que l’autre peut, de son côté, nommer l’objet ou la chose après laquelle il en a, pour éviter la confusion.
L’enjeu ? Agir avant que la dispute n’éclate car ensuite, il est trop tard. On peut dire à l’autre “je n’ai pas envie de me disputer”, et changer alors de pièce pour laisser les choses se désamorcer. On peut aussi convenir d’un code. Un geste, un mot « stop, temps-mort ça ne va plus », dont on convient ensemble et qui signifie qu’on veut que la dispute s’arrête.
Souvent après une engueulade, les deux partenaires sont dans un état d’angoisse profonde, ils se disent “cette fois, c’était la bonne”, “c’est la fin”, ils l’ont l’impression de quitter l’autre ou que l’autre les quitte. Tandis que si on a un mot ou geste de secours, on sait juste que l’autre n’a pas envie de se disputer et qu’il a besoin de prendre l’air.
Le conseil : Désamorcer les comportements négatifs est important. Mais il faut aussi mettre en place des comportements positifs. Dire à son partenaire tout ce qu’il fait qui nous rend heureux(se). Lui expliquer tout ce qui nous nourrit, nous fait nous sentir aimé(e), ce dont nous avons besoin… C’est à verbaliser car cela n’est pas évident pour l’autre. Et bien sûr, il est important de le nourrir aussi, de lui demander ce dont lui/elle a besoin. Tout ceci donne beaucoup moins envie de se disputer.

On peut apprendre à discuter, même de sujets qui fâchent… sans se blesser, sans être violent, et surtout, sans mettre l’amour à mal.